Cergy
Je reviens par la même route le long de l’Oise, brève incursion à Osny. J’entame les
grandes avenues menant au centre de Cergy-Préfecture : les Trois Fontaines, la tour
Bleue, le théâtre, le conservatoire et la bibliothèque. Je suis la ligne du RER et la
chevauchée de pylônes jusqu’à Cergy Saint-Christophe, la grande horloge de la gare. Je
me promène dans la rue qui conduit à la tour Belvédère et aux colonnes de l’esplanade
de la Paix, d’où se dévoile un immense horizon, avec, en fond, les ombres de la Défense
et de la tour EiQel. Pour la première fois, j’ai pris possession de l’espace que je parcours
pourtant depuis vingt ans (Ernaux, La Vie extérieure, p. 97-98).
La première vidéo montre les pas d’Ernaux que nous avons
suivis. Nous avons marqué les lieux mentionnés sur une carte
Google Maps et avons accompagné l'ombre d’Ernaux avec
l'espoir que nous puissions la percevoir de la même manière
que ce qu'elle décrit. Peut-être n'aurions-nous pas trouvé cet
itinéraire par nous-mêmes, et nous avons donc l'impression
de suivre des locaux, décrits par l’autrice dans son ouvrage La
Vie extérieure. Notre perception objective des touristes
s'accompagne de mots d’Ernaux et nous réalisons qu'un lieu
est bien plus qu'une tâche sur une carte Google Maps.
Ce qui est très intéressant ici, c'est la dernière phrase de la
citation : « Pour la première fois, j’ai pris possession de l’espace que je parcours
pourtant depuis vingt ans » (Ernaux, La Vie Extérieure, p. 97-98). Il semble que l’autrice
ait trouvé sa place, qu'elle ne se sente plus étrangère. La ville de Cergy sert ici comme
cadre à des réflexions sur le passé et le présent, ce n'est que vingt ans plus tard qu'elle
se sent comme une partie de la ville. Cela contraste avec le titre de son œuvre, La Vie
Extérieure. Le titre pourrait-il aussi s'appeler La Vie Intérieure ? Le lieu géographique et
objectif devient chez Ernaux un espace symbolique dans lequel s'ajoute une dimension
de sa vie intérieure, une caractéristique typique de la socio-autobiographie.
La construction de la mémoire et de l'identité joue un rôle central dans les descriptions
d'Ernaux de l'architecture, notamment dans le contexte de lieux comme Cergy. Elle ne
reflète pas seulement la transformation extérieure, mais aussi l'évolution de ses
développements intérieur et la transformation de ses propres souvenirs et de son
identité. Les lieux dans lesquels nous vivons ou avons grandi façonnent nos expériences
et l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes. L'architecture devient alors un média,
qui préserve la mémoire des événements et des relations passées tout en permettant en
même temps de construire de nouvelles identités.
La première vidéo montre les pas d’Ernaux que nous avons suivis. Nous avons marqué les lieux mentionnés sur une carte Google Maps et avons accompagné l'ombre d’Ernaux avec l'espoir que nous puissions la percevoir de la même manière que ce qu'elle décrit. Peut-être n'aurions-nous pas trouvé cet itinéraire par nous-mêmes, et nous avons donc l'impression de suivre des locaux, décrits par l’autrice dans son ouvrage La Vie extérieure. Notre perception objective des touristes s'accompagne de mots d’Ernaux et nous réalisons qu'un lieu est bien plus qu'une tâche sur une carte Google Maps. Ce qui est très intéressant ici, c'est la dernière phrase de la citation : « Pour la première fois, j’ai pris possession de l’espace que je parcours pourtant depuis vingt ans » (Ernaux, La Vie Extérieure, p. 97-98). Il semble que l’autrice ait trouvé sa place, qu'elle ne se sente plus étrangère. La ville de Cergy sert ici comme cadre à des réflexions sur le passé et le présent, ce n'est que vingt ans plus tard qu'elle se sent comme une partie de la ville. Cela contraste avec le titre de son œuvre, La Vie Extérieure. Le titre pourrait-il aussi s'appeler La Vie Intérieure ? Le lieu géographique et objectif devient chez Ernaux un espace symbolique dans lequel s'ajoute une dimension de sa vie intérieure, une caractéristique typique de la socio-autobiographie. La construction de la mémoire et de l'identité joue un rôle central dans les descriptions d'Ernaux de l'architecture, notamment dans le contexte de lieux comme Cergy. Elle ne reflète pas seulement la transformation extérieure, mais aussi l'évolution de ses développements intérieur et la transformation de ses propres souvenirs et de son identité. Les lieux dans lesquels nous vivons ou avons grandi façonnent nos expériences et l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes. L'architecture devient alors un média,
qui préserve la mémoire des événements et des relations passées tout en permettant en
même temps de construire de nouvelles identités.
Marché
Les lieux où s’exposait la marchandise étaient de plus en plus grands, beaux, colorés,
méticuleusement nettoyés, contrastant avec la désolation des stations métros, la Poste
et les lycées publics, renaissant chaque matin dans la splendeur et l’abondance du
premier jour de l’Eden (Ernaux, Les années, p. 228).
sous ses yeux, la société de consommation qui ne cesse de grandir. Cette opposition
met en lumière un contraste saisissant entre les sphères privée et publique de la vie
contemporaine. Les hypermarchés, espaces privés dédiés à la consommation,
apparaissent comme des paradis artificiels, soigneusement entretenus et achalandés,
oQrant une évasion temporaire à la réalité morne du quotidien.
L'utilisation de l'expression « renaissant chaque matin dans la splendeur et l'abondance
du premier jour de l'Eden » (Ernaux, Les années, p. 228) pour décrire les hypermarchés
renforce l'idée d'une quête illusoire de bonheur et de satisfaction matérielle. L'image
d'Eden, symbole du paradis perdu, souligne le caractère artificiel et éphémère de cette
abondance.
Ernaux habite à Cergy, qui fait partie de la banlieue parisienne. Conçue dans les années
1960 comme une partie du projet du Grand Paris, Cergy est symbolique de la
transformation du paysage urbain et des changements sociaux en France. Dans ses
écrits, l'architecture de Cergy pourrait servir de représentation de l'urbanisme moderne
et comme métaphore aux changements sociaux et culturels. Donc, cette ville devient
une toile de fond pour ses réflexions sur le passé et le présent ; pour Ernaux un symbole
de la modernité et de ses contradictions. La ville lui oQre un cadre concret pour explorer
des thématiques universelles, et sa présence dans ses écrits contribue à l'authenticité
de son œuvre.
Sources :
ERNAUX Annie, La Vie Extérieure, Paris, Gallimard, 1993-1999.
ERNAUX Annie, Les années, Paris, Gallimard, 2008.