À la recherche de la subjectivité dans une mémoire collective

Nos perspectives

Nous n’avons que notre histoire et elle n’est pas à nous. (Introduction Les Années)

Qu’est-ce que ça veut dire ?
En travaillant sur les œuvres d’Annie Ernaux, celle qui nous a fait refléter le plus, c’était le
livre « Les années » de 2008. Elle y raconte sa vie d’un style très métaphorique et ajoute des
descriptions des photographies (« De main en main passaient des photos brunies au dos
taché par tous les doigts qui les avaient tenues dans d’autres repas, mélangé de café et de
graisse fondu en une couleur indéfinissable. » p. 30). Ce qui est frappant : Annie Ernaux
n’utilise pas le pronom personnel « je », mais « elle ». Pourquoi ?
En cours, on a discuté deux raisons : Pendant sa vie, elle a vécu beaucoup de moments de
honte, soit son héritage (« C’est parce qu’on est de la campagne qu’on est plus bête que
d’autres », p. 34) , soit son abortion secrète et à l’époque interdite. Si on se voit dans une
collectivité, la propre honte diminue. Elle se distance de son histoire et cherche à trouver
des marques de collectivité (chansons, évènements politiques, style de vêtements, parcours
familial…)
À son avis, chaque génération expérience plus ou moins les mêmes choses : Par exemple la
mort dans les familles (p. 40), l’adolesence et la musique (p. 65), la politique (p. 98, 130,
198), la guerre (p. 100, 135)
La privation de l’individualité, se tirer de sa propre histoire est sa façon de le montrer : qu’on
partageait une mémoire collective et que sa propre histoire n’avait pas beaucoup de valeur.
C’est la signifiance de la citation du début et souligne que le genre de ses livres n’est pas
biographique, mais plutôt autosociobiographique (Philippe Lejuene : Le pacte
autobiographique. Editions du seuil, 1975).
Par rapport à la photographie, qui joue un rôle important chez elle, Nora Cotille-Foley a fait
des recherches sur l’usage de la photographie d’Annie Ernaux. Pour l’autrice, les photos ne
doivent que créer un effet du réel, mais une image du réel, de la vraie réalite. Aussi, elle
préfère utiliser des appareils argentiques pour prendre des photos pour deux raisons :
Comme ça, on ne les peut plus modifier numériquement et en plus, elles vieillissent comme
soi-même. Cet aspect apporte à l’effet de la réalité.
Comme autrice, elle est forte en lettres modernes, de décrire ses pensées précisément en
mots – pourquoi a-t- elle si besoin de la photographie, de prendre soin qu’ils démontrent la
réalité, si à la fin toutes les images disparaîtront ? (Les Années, p. 11)
Nous nous sommes alors demandés : cette attitude pessimiste est-elle justifiée ? Est-ce que
c’est vrai que notre histoire ne nous appartient pas – et si oui - à qui alors ?
Et la mémoire collective – existe-elle aussi si dominant parmi nous et quel rôle joue la
subjectivité ? Nous, notre groupe de douze étudiants, qui ont appris les mêmes choses
pendant quatre mois et qui sont allés ensemble à Cergy, où Annie Ernaux habite ?
En partant à Cergy, on voulait vivre cette expérience de la photographie analogue et
cherchaient à trouver des réponses à nos questions aux traces d’Annie Ernaux. Ces idées
d’origine nous ont menées vers de différentes directions et on a découvert beaucoup plus
que prévu.

À la recherche de la subjectivité dans une mémoire collective

Quelle: YouTube
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