Le public d'Andromède de Corneille se compose de la cour et de la ville, c'est-à-dire de la cour française et des bourgeois parisiens. Le drame et la mise en scène sont conçus pour ce public. Les spectateurs doivent s'émerveiller devant le théâtre et admirer ainsi la grandeur du souverain. On ne lésine pas sur les moyens pour mettre en scène le merveilleux et le divin.

QUE PEUVENT FAIRE LES MACHINES ?

Dès le théâtre antique, des appareils scéniques sont utilisés pour obtenir des effets particuliers ou pour faire apparaître le fameux Deus ex machina. Au Moyen-Âge et à la Renaissance, des appareils volants viennent s'ajouter, notamment dans les espaces fermés, pour suggérer le mouvement dans le ciel. À la Renaissance, les ingénieurs italiens présentent sur scène des constructions impressionnantes qui permettent de jouer avec les éléments (mer, pluie, feu, foudre, tonnerre), de se déplacer dans différentes directions (vol, navigation), de monter et de descendre au ciel et en enfer et de modifier le paysage scénique grâce à des mécanismes de rotation et de pliage.

Grande scène de théâtre, gravure sur cuivre 1597, image n°: 20041806, bbk.

Grande scène de théâtre, gravure sur cuivre 1597, image n°: 20041806, bbk.

Die verschiedenen Effekte der Bühnenmaschinerie sollen die Zuschauenden zum Staunen bringen und auch eine Stärkung des Theaters als Kunst ermöglichen, das lange Zeit als Illusionskunst und damit als Teufelswerk gilt und von der katholischen Kirche diskreditiert wird. Diese Kritik trifft zunächst die Schauspielenden, aber auch die Institution, weshalb Mäzene, wie eben Kardinal Richelieu, auch die Theoriebildung des Theaters befördern. Gerade deshalb wird in Frankreich in der ersten Hälfte des 17. Jahrhunderts das Theater dazu genutzt, sich selbst zu thematisieren und die eigene Kunst zu belobigen. Eines der bekanntesten Theaterstücke, das die eigene Kunst in Auseinandersetzung mit der dämonischen Illusion auf die Bühne bringt, ist Pierre Corneilles Tragikomödie L’Illusion comique (Saison 1635/36). Auf der Bühne präsentiert ein Freund – Dorante – einen Magier – Alcandre –, dessen Kompetenz genau jene Bewegungen der Elemente ermöglicht, die später von Corneille als Maschinentheater direkt auf der Bühne gezeigt werden. Der Lobgesang in Corneilles L’Illusion comique auf die Kunst des Magiers zielt auf dieselben Effekte, die das Maschinentheater zwei Jahrzehnte später für sich beanspruchen wird:

DORANTE
Ne traitez pas Alcandre en homme du commun,
Ce qu’il sait en son art n’est connu de pas un. (Einzigartigkeit)
Je ne vous dirai point qu’il commande au tonnerre, (Wetter beherrschen)
Qu’il fait enfler les mers, qu’il fait trembler la terre, (Erdbeben)
Que de l’air qu’il mutine en mille tourbillons (Stürme produzieren)
Contre ses ennemis il fait des bataillons, (finstere Mächte beherrschen)
Que de ses mots savants les forces inconnues (unbekannte Kräfte)
Transportent les rochers, font descendre les nues, (Schwerkraft aussetzen; Berge versetzen, Wolken herabfahren lassen)
Et briller dans la nuit l’éclat de deux Soleils. (Nacht wird zum Tag)

Ce qui, dans l'Illusion comique, réussit surtout grâce à l'art de la magie, n'étonne plus les spectateurs dans le théâtre de machines par le récit du messager: ils voient par eux-mêmes les effets spéciaux. Les appareils suggèrent que des bateaux traversent la mer ou que des monstres nagent sur la scène. Mais outre le fait de défier les lois de la nature, comme lors des vols ou de la montée et de la descente au ciel et en enfer, ce sont les imitations de la nature dans un espace clos qui captivent, notamment les effets de lumière simulant éclairs, tonnerre, jour et nuit. Ainsi, les machines participent à la création du naturel, tandis que la musique et les costumes exaltent l'action théâtrale.

Comment le message des machines est-il transmis ?

Les symboles iconographiques – que ce soit par le biais de la scénographie ou du costume - sont généralement doublés par la parole ou par la musique, multipliant ainsi les canaux de transmission pour assurer la compréhension du public. Ce n'est que la combinaison des signes visibles, des gestes et des sons (paroles et musique) qui permet d’intégrer la machinerie du mouvement à la logique narrative.

Ballet

Dessin de costume pour Le feste di Amore e di Bacco de Jean Bérain l'Ancien.

Ballet de Jean-Baptiste Lully, première représentation au Palais Royal le 15/11/1672, image n°: 703007641, bpk/DeA Picture Library.

Cependant, dans le prologue d'Andromède, Pierre Corneille établit une distinction hiérarchique entre le discours parlé et le discours chanté, dans la mesure où, pour lui, seules les informations qui font avancer l'action sont transmises par les acteurs:

«Je me suis bien gardé de faire rien chanter qui fût nécessaire à l’intelligence de la pièce.» (Andromède, Prologue)

Numéro de l'image: 20003725, bpk/Kunstbibliothek, Staatliche Museen zu Berlin/Knud Petersen.

Gravure sur cuivre Dans une boutique de mode du XVIIᵉ siècle par Jean Bérain l'Ancien.

Numéro de l'image: 20003725, bpk/Kunstbibliothek, Staatliche Museen zu Berlin/Knud Petersen.

L'effet sur scène est renforcé par les costumes qui correspondent à la mode de l'époque et qui contribuent à l’effet scénique en portant un message allégorique.

Dessin à l'aquarelle Armure. Probablement de Jacques de Bellange ; fait partie de 23 dessins achetés à Londres en 1854 par Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 55,5 x 42,5 cm, numéro d'inventaire: DE 1157.

Dessin à l'aquarelle Armure

Probablement de Jacques de Bellange ; fait partie de 23 dessins achetés à Londres en 1854 par Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 55,5 x 42,5 cm, numéro d'inventaire: DE 1157.

S‘ÉTONNER

L'architecte italien Nicola Sabbattini (1574-1654) décrit dans son ouvrage Pratica di fabricar scene e macchine ne' teatri (Ravenne, 1638), qui sera assez rapidement traduit en français, les différents dispositifs scéniques et leurs effets. On y décrit également pour la première fois des rideaux s’enroulant vers le haut afin de dévoiler instantanément le nouveau décor et d'étonner le spectateur. Un tel effet caractérise le théâtre, c'est pourquoi l'Encyclopédie de Diderot le montre également dans ses illustrations graphiques.

On sait que l'étonnement est considéré comme l'origine de la philosophie. Platon et Aristote en parlent tous deux dans leurs écrits, mais le conçoivent de manière opposée et complémentaire. Tandis que pour Platon, l'étonnement est la condition préalable à la connaissance, raison pour laquelle il doit être accru pour la 'vision de la vérité', Aristote part de son dépassement pour atteindre la tranquillité de la raison et donc la connaissance parfaite.

Le théâtre étonne le spectateur. Cela signifie, dans l'esprit d'Aristote, que l'effet ne qualifie pas le spectacle, mais le spectateur. Le thaumazein d'Aristote se réfère à la capacité intellectuelle de l'homme. Il n'est pas encore parvenu à la connaissance, mais possède néanmoins la disposition qui va se déployer à travers la pièce de théâtre. Ce processus de connaissance, qui part de l'étonnement, est donc lié au sujet. Il est donc logique que, dans sa poétique, le théâtre s’appuie sur Aristote. Mais les traités contemporains sur les spectacles insistent également sur cet «enchantement naturel» qui favorise l'étonnement (par exemple l'abbé Michel de Pure, Idée des spectacles anciens et nouveaux, 1668). Dans la description d'Andromède de Corneille La Gazette souligne que le public, incapable d'identifier la cause des effets spéciaux, est fasciné:

«La force des Machines, desquelles on voit les effets qui semblent miraculeux aux spectateurs n’en découvrans pas la cause.» (Gazette, S. 259)

Les machines semblent produire des effets surnaturels et suscitent l’émerveillement du public. D’ailleurs, les poétiques de l'époque qualifient «merveilleux» les effets de la machinerie théâtrale. L'émerveillement n'est pas uniquement provoqué par les actions impressionnantes des machines qui suggèrent le surnaturel, on utilise également la rapidité et le pour tromper le public. Alors que les changements de décor trompent la perception des spectateurs par leur rapidité, les machines à nuages sont dissimulées par un décor naturel.

Les croquis des machines à nuages de Sabbattini

Pour la mise en scène d'Andromède de Corneille, on fait venir l'ingénieur Giacomo Torelli (1608-1678) d’Italie, qui accélère le changement de décor par de nouvelles constructions pour impressionner davantage le public. Alors que la machine à nuages de Sabbattini perfectionne les mouvements pour créer l'illusion du théâtre, la machine à gloire de Torelli renforce l'effet de profondeur par la superposition de couches nuageuses.

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans, in: Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, S. 141.

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans, in: Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, S. 144.

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans, in: Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, S. 153.

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans
Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans, in: Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, S. 156.

Sabbattini: Comment faire qu’un nuage descende droit du ciel sur la scène, avec des personnes dedans, in: Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, S. 158.

Le concept de machine à gloire de Torelli et l’effet de profondeur

Projet pour un décor de théâtre de Giacomo Torelli: ballet Les Noces de Thétis tiré des Décorations et machines aprestées aux nopces de Tétis, Ballet Royal (1654), une série de 11 planches, 22,7 x 30,3 cm, signature: 51.501.4161.

Dessin d'une machine à nuages, in: Archivio di Stato, Parma.

Dessin d'une machine à nuages, in: Archivio di Stato, Parma.

Ballet de la nuit, Szenografie von Henri Gissey.
Décor de Giacomo Torelli: La Finta pazza (Acte II, scène 8 à Acte III, scène 4), Paris 1645, numéro 26 du catalogue.

LES CHARS

Andromède de Pierre Corneille dure trois heures entières, mais le temps passe vite, expliquent les spectateurs contemporains, car l'effet des machines est si merveilleux qu'on perd toute notion du temps et qu’il est impossible de s’ennuyer. La Gazette décrit l'art des machines dans Andromède comme un «art magique» (Gazette, p. 249).

Dessin de Jean Bérain: Jupitermaschine, 57 x 41,7 cm, in: Recueils des Menus Plaisirs du roi, Inventaire par Jérôme de La Gorce, Centre André Chastel, UMR 8150 CNRS, Université Paris IV, N° notice: MP-00609, Série: Fonds de la Maison du roi sous l'Ancien Régime (sous-série O/1), Inventarnummer: CP/O/1/3242/A, Nr. 76. Recueil de décorations de théâtre recueillies par Monsieur Levesque, garde général des magasins des Menus Plaisirs de la Chambre du Roy, Tome V, Paris, 1752.

Dessin de Jean Bérain: Jupitermaschine, 57 x 41,7 cm, in: Recueils des Menus Plaisirs du roi, Inventaire par Jérôme de La Gorce, Centre André Chastel, UMR 8150 CNRS, Université Paris IV, N° notice: MP-00609, Série: Fonds de la Maison du roi sous l'Ancien Régime (sous-série O/1), Inventarnummer: CP/O/1/3242/A, Nr. 76. Recueil de décorations de théâtre recueillies par Monsieur Levesque, garde général des magasins des Menus Plaisirs de la Chambre du Roy, Tome V, Paris, 1752.

Dans Andromède, Vénus descend au premier acte sur un nuage lumineux en forme d'étoile, après qu'un autre nuage s’est ouvert, renforçant l'effet d'illusion. Bérain montre l'ouverture des nuages en divisant la structure du décor en deux:

«Les nuages se dissipent, & la claret revient éclairer la Scène» (Gazette, S. 253)

Dessin de Jean Bérain: Mécanisme permettant à la «gloire» de s’ouvrir, 27,3 x 42,4 cm, in: Recueils des Menus Plaisirs du roi, Inventaire par Jérôme de La Gorce, Centre André Chastel, UMR 8150 CNRS, Université Paris IV, N° notice: MP-00090, Série: Fonds de la Maison du roi sous l'Ancien Régime (sous-série O/1), Nº d’inventaire: CP/O/1/3238, Nr. 73. Recueil de décorations de théâtre recueillies par Monsieur Levesque, garde général des magasins des Menus Plaisirs de la Chambre du Roy, Tome I, Paris, 1752.
Dessin de Jean Bérain: Mécanisme permettant à la «gloire» de s’ouvrir, 27,3 x 42,4 cm, in: Recueils des Menus Plaisirs du roi, Inventaire par Jérôme de La Gorce, Centre André Chastel, UMR 8150 CNRS, Université Paris IV, N° notice: MP-00090, Série: Fonds de la Maison du roi sous l'Ancien Régime (sous-série O/1), Nº d’inventaire: CP/O/1/3238, Nr. 73. Recueil de décorations de théâtre recueillies par Monsieur Levesque, garde général des magasins des Menus Plaisirs de la Chambre du Roy, Tome I, Paris, 1752.

La Gazette décrit ainsi la machine qui fait descendre la déesse Vénus sur un nuage dans Andromède et son effet lumineux qui l'entoure:

«Les nuages qui estoyent épais se dissipent, le Ciel s’ouvre: & dans son éloignement cette Déesse parest assise sur une grande nue, son visage estant si éclatant que les rayons qui sortent forment une grande & lumineuse étoile qui suffit à éclairer toute l’étendue de cette Scène.» (Gazette, S. 251).


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«Mais quel éclat vient de frapper mes yeux? / D’où partent ces longs traits de Nouvelles lumières, enfermé dans un nuage qui l’environne.» (Andromède, Akt V, Szene 7)

JOUER AVEC LA LUMIÈRE ET L'OBSCURITÉ

Dessin à l'aquarelle de Jean Bérain,  38 x 27,8 cm, numéro d'inventaire:  2013-0-4.
Dessin à l'aquarelle, probablement de Jacques de Bellange ; fait partie de 23 dessins achetés à Londres en 1854 par Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 55,5 x 42,5 cm, numéro d'inventaire: DE 1149.

Dessin à l'aquarelle de Jean Bérain, 38 x 27,8 cm, numéro d'inventaire: 2013-0-4.

Dessin à l'aquarelle, probablement de Jacques de Bellange ; fait partie de 23 dessins achetés à Londres en 1854 par Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 55,5 x 42,5 cm, numéro d'inventaire: DE 1149.

Andromède alterne les parties d'ombre et de lumière, dont l'effet est également loué dans la Gazette:

«Phinée (…) obligent (les Dieux) à obscurcir le Ciel, le remplir d’éclairs & de tonnerres si horribles & redoublez avec tant de promptitude que ceux que les Poetes ont feint avoir esté fourdroyz des Dieux pout avoir imité leur tonnerre n’approchoyent pas de cet artifice: Et les spectateurs, quoi qu’ils scachent bien que ce ne sont que des terreurs feintes par l’invention du Machiniste, ne scauroyent néantmoins s’empescher d’en avoir autant d’épouvante que d’admiration, lors qu’ils voyent Eole accompagné de huit Vents.» (Gazette, S. 253).

La Gazette relate l’effet électrisant du ciel qui s'assombrit, des éclairs et du tonnerre qui font ressentir aux spectateurs le danger que Phinée incarne, autant pour le couple d'amoureux que pour l'avenir de l'État. Comme huit vents s'envolent sur la scène en tant qu'allégories, les spectateurs qui ne voient et ne ressentent que les effets – dans le jeu de la lumière et de l'obscurité – sont saisis d'étonnement, même happés par l'événement. La purification des spectateurs et la catharsis aristotélicienne deviennent ainsi plus probables.

Éléments de feu et de lumière

Dans Andromède, chaque décor est conçu selon la même perspective, de sorte qu'après l'apparition lumineuse de Vénus, le rapt ou l'enlèvement d'Andromède et, enfin, l'acte héroïque de Persée – d'abord avec Pégase ailé, puis par la pétrification de son rival –, les spectateurs découvrent une séries d'espaces différents. Cette diversité rend un émerveillement durable difficilement imaginable. Après tout, la représentation des dieux (prologue et acte I), le jardin paradisiaque (acte II), la mer (acte III) et le palais (acte IV) sont certes des décors typiques, mais ils cherchent aussi à triompher des forces de la nature et doivent chacun surpasser le précédent. Ainsi, l'espace urbain, et donc civilisé, de l'acte IV semble alors marquer un sommet qu’il paraît impossible de franchir. Pourtant, la mise en scène y parvient par l’apothéose du couple de mariés, qui trouve sa correspondance dans la scénographie, le décor de scène se transforme en un éclat métallique. Ce changement de couleur fait briller l'ensemble du décor, si bien qu'à la fin, ce que Vénus a accompli seule dans le premier acte vaut désormais pour l'ensemble du scénario. Comme ailleurs dans la pièce, ce texte souligne explicitement cette transformation.

«Décoration du cinquième Acte: (...) L’Art du sieur Torelli est ici d’autant plus merveilleux, qu’il fait paraître une grande diversité en ces deux Décorations [Akt IV und V], quoiqu’elles soient presque la même chose. On voit encore en celle-ci deux rangs de colonnes comme en l’autre, mais d’un ordre si différent, qu’on n’y remarque aucun rapport. Celles-ci sont de porphyre, et tous les accompagnements qui les soutiennent, et qui les finissent, de bronze ciselé, dont la gravure représente quantité de Dieux et de Déesses. La réflexion des lumières sur ce bronze en fait sortir un jour tout extraordinaire. Un grand et superbe Dôme couvre le milieu de ce Temple magnifique. Il est partout enrichi du même métal, et au devant de ce Dôme l’artifice de l’ouvrier jette une galerie toute brillante d’or et d’azur.»

Le cinquième et dernier acte entraîne ainsi l'ensemble du tableau dans un espace quasi supraterrestre, qui brille par lui-même. Ceci rappelle la pratique contemporaine des feux d'artifice. Ceux-ci, devenus un élément central des spectacles de cour, apparaissent aussi sur des scènes éphémères. Dans Andromède, la lumière et les effets métalliques produisent une lueur similaire. Le clair-obscur, essentiel aux arts visuels, structure ici la mise en scène et accentue l’esthétique du spectacle.

Feux d'artifice

Au XVIIᵉ siècle, les feux d'artifice connaissent un grand succès à la cour. Le feu, d’ordinaire destructeur, devient un élément maîtrisé et esthétisé, qui fascine et qui séduit. Il témoigne - surtout à la cour – de la capacité humaine à dominer cet élément redoutable. D’ailleurs, on veille à ce qu’il y ait toujours un grand réservoir d'eau à proximité pour pouvoir éteindre le feu en cas d’urgence. À Paris, le long de la Seine, et à Versailles, le long du Grand Canal, les artificiers déploient leur savoir-faire, comme l’illustre la gravure ci-dessous. Le Grand Canal accueille même des promenades en bateau, permettant aux spectateurs d'être au plus près du spectacle. Mais c'est surtout la surface de l'eau qui sert à refléter les lumières éphémères des feux d'artifice.

Aquarellzeichnung von Jean Bérain, 38 x 27,8 cm, Inventarnummer: 2013-0-4.
Gravure Illumination du palais et des jardins de Versailles pendant les festivités de Louis XIV en 1668 par Jean Le Pautre, 1679, 45 x 63 cm, numéro d'image: 2.00064470, bbk/ adoc-photos

Gravure Fête de Louis XIV en 1674 à Versailles (à l'occasion de la reconquête de la Franche-Comté) – cinquième jour par Jean Le Pautre, 1676, 29,9 x 42,6 cm, numéro d'image: 00056198, numéro d'inventaire: KM003936, bbk/ RMN – Grand Palais/Thierry Le Mage

Gravure Illumination du palais et des jardins de Versailles pendant les festivités de Louis XIV en 1668 par Jean Le Pautre, 1679, 45 x 63 cm, numéro d'image: 2.00064470, bbk/ adoc-photos

Comme le montre le graphique suivant, les feux d'artifice sont regroupés comme des bouquets de fleurs ou dessinent des mouvements précis dans l'espace. On y distingue notamment des arbres flamboyants plus ou moins grands. Une telle girandole, qui s’ouvre vers le ciel comme un bouquet de lumière, s’accompagne parfois de pétards.


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Feux d'artifice devant le Palais-Royal à Paris en 1644, numéro d'image: 2.00092161, bbk/adoc-photos.

Pour le théâtre, et en particulier pour Andromède, de telles installations lumineuses sont des modèles, repris par la lueur métallique du dernier acte, sans pour autant pouvoir reproduire ces effets à l'intérieur car le risque d'incendie étant trop élevé.

Dès le début du XVIIᵉ siècle, Joseph Furttenbach associe la machine théâtrale au feu d'artifice. Il met en scène un feu d'artifice, installant une corde entre deux bâtiments, et le feu se déplace d'un côté à l'autre, prenant la forme d'un dragon ailé flottant au-dessus de la tête des spectateurs.

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Aquarellzeichnung von Jean Bérain, 38 x 27,8 cm, Inventarnummer: 2013-0-4.

L’effet créé par l’interaction esthétique

L’Histoire et la signification du temps pour le théâtre à machines de Pierre Corneille:
Andromède

TEMPS

La machinerie:
élément moteur dans l’espace théâtral

CORPS

La magie de la technique:
la machinerie théâtrale et le mouvement des corps

ESPACE

ACTION

Le mythe animé
changements stratégiques de Corneille

Wirkung